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DEMI-JOURNÉE 2015 

 

Malaise dans l'institution, main basse sur la réflexion !


 

Aujourd'hui les grands récits ne font plus lien social, les valeurs humanistes sont en déclin.
Le discours de la science, perverti par l'économie de marché, fait désormais autorité. De nouvelles valeurs chiffrables, dites objectives, rationnelles et universelles sont prônées : elles ont comme effet d'évacuer le sujet et de perdre de vue l'éthique de l'être ensemble.

 

La maxime cartésienne : Â« je pense donc je suis » est balayée par le capitalisme financier qui met en avant des impératifs économiques. Gagner du temps, gagner de l'argent : la politique de l'entreprise appliquée au social nous a conduit aux protocoles, et aux experts. Les protocoles éludent la réflexion et la subjectivité et introduisent un discours simplificateur : du prêt à penser avec des recettes et des grilles. Dès lors on attend des professionnels qu'ils appliquent des consignes préétablies. Ainsi la pensée est entravée, la réflexion inhibée, l'inconscient nié : il ne reste plus d'espace pour « l'invention du quotidien Â» selon l'expression de Michel de Certeau.
 

On n'arrive pas à penser ce qu'on ressent, disait un professionnel au cours d'une supervision. En effet le quotidien et les urgences viennent parfois mettre au second plan l'élaboration. Se questionner sur ses actes, réfléchir sur sa pratique, l'articuler à la théorie, élaborer, douter, permet de rester désirant. Tâtonner, trébucher est nécessaire à toute avancée.

Le culte d'une parole qui se veut transparente, sans équivoque, a des effets ravageurs ; la vérité a bien plus d'un visage !
Penser aujourd'hui devient un enjeu, penser c'est pouvoir se séparer de ce qu'on a vécu, prendre de la distance, c'est résister é ce qui semble aller de soi, s'engager, prendre des risques.

 

En délégant le savoir aux experts et aux protocoles, le danger ne consiste-t- il pas pour le professionnel à se laisser déposséder de son savoir faire et de sa responsabilité ? Comment dans ce contexte préserver un espace de désir pour continuer à penser sa pratique ?

 

 


 

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